Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/268

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— En rase campagne, ces armes pourraient être d’une utilité incontestable ; ici elles ne serviraient de rien. Un homme, caché dans ces arbres qui se penchent sur nous, choisirait très-commodément de nous trois celui à qui par fantaisie il voudrait loger une balle dans la tête ; ou bien un tronc d’arbre mort, jeté dans la rivière dont nous remontons le cours, pourrait faire chavirer notre canot, s’il ne le brisait pas. Qu’en pensez-vous ?

— D’accord, répondit Calros ; heureusement on ignore que vous remontez la rivière cette nuit même.

— Qui sait ! dit le pilote, il y a des traîtres et des espions partout. Si quelqu’un de ces maraudeurs que nous avons mis en fuite a pu se douter de nos projets, soyez sûrs que ses compagnons seront avertis à temps pour se trouver encore cette nuit sur notre passage à un endroit que je connais. — Il y a deux heures déjà que nous ramons, ajouta-t-il en secouant la tête, cet endroit n’est pas bien loin. Vous savez maintenant ce que nous avons à craindre ; voyez s’il vous convient d’aller en avant ou de prendre terre en attendant le jour.

— Je veux perdre le moins de temps possible, répondit froidement Calros. Si nous ramons bien, nous serons dans une heure au village qu’habite Campos.