Page:Gabriel de Lautrec - Poemes en prose.djvu/183

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dans une logique supérieure à toutes nos illusions, n’est qu’un éclat de rire obscène et grotesque de l’absolu.

Couché dans mon lit tranquillement, aussi tranquillement que les jours où je ne devais pas rêver, je me trouvai tout à coup transporté dans ce qui me parut être la salle d’entrée d’une pharmacie. Je voyais dans l’arrière-magasin, par la porte de communication, le pharmacien et sa femme, assis, en train de dîner. Je raconte ces choses exactement comme elles me sont apparues, avec l’incohérence du rêve, pour une absolue véracité. À table se trouvait encore le propre fils du pharmacien, puis quelques amis ou parents, parmi lesquels un serpent à sonnettes apprivoisé. La présence de cet animal ne paraissait étonner personne, excepté le maître d’école, qui d’ailleurs n’était pas là. Je n’aurais pas voulu, pour ma part, avoir l’air de ne pas connaître les usages de la maison, mais on ne faisait aucune attention à moi.

Il me semblait apercevoir, comme à travers une brume, tous les détails qui m’entouraient, les bocaux de verre et les pots de porcelaine à lettres dorées, la porte de la pharmacie et celle de la salle à manger. J’avais, à me mouvoir, une sorte de paresse ; je ressentais d’autre part confusément de vives douleurs dans la région du ventre, et j’attribuais ces douleurs, par je ne sais quel rapprochement, à l’effort que je faisais pour réfléchir. Le