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De l’onde encor liquide ils suivront le courant,
Des chars, parmi la neige, attendront les ornières,
Et le pied du passant qui les voit moins peureux
Épier le brin noir, où le pied fait son creux.
L’enfant verra l’oiseau venir jusqu’à la porte
Lui demander muet ce que le vent emporte,
Et sous son toit de chaume, adopté pour abri,
Passer la huit meilleure au lieu qui l’a nourri.

Scènes des premiers ans, douce part de l’enfance,
L’homme mûr vous sourit sous le poids ; qui l’offense.
Montant, le jour entier, un chemin escarpé,
Il retombe, le soir ; de maux enveloppé.
Par de folles douleurs son âme profanée
Dans chaque heure qui fuit prend le poids d’une année,
Et lutteur généreux de l’éternel combat,
Il attend pour finir le grand coup qui l’abat.
S’il se lève un vent doux qui passe et le soulage,
Ce vent n’est pas si doux que celui d’un autre âge,
Lorsqu’au champ paternel il n’enviait qu’oiseaux,
Captivés par l’appât ou pris dans ses réseaux.

Oh ! bénis soient ces lieux que la vertu décore,
Où mes yeux voient grandir l’enfant qui joue encore,
L’enfant qu’on aime à voir avant de le nommer,
L’enfant dont un regard est plus fait pour charmer
Que tous ces noms altiers proclamés dans l’arène,
Pour être d’un parti l’idole souveraine !