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LE CORSET.

était construit de façon à respecter le bon fonctionnement des viscères, il ne serait venu à l’idée de personne de le critiquer ; mais, sous le prétexte d’en faire un objet de parure, on l’a transformé de telle façon qu’il est devenu un instrument meurtrier auquel les femmes doivent une foule d’infirmités et, bien que ces infirmités s’aggravent tous les jours, les femmes s’obstinent à se servir de cet appareil dont elles reconnaissent cependant tous les dangers. Je parle ici de la généralité, car je me plais à constater que quelques femmes instruites, intelligentes ou bien dirigées ont réussi à porter des corsets moins défectueux, inoffensifs peut-être, mais celles-ci sont en très petit nombre et appartiennent toutes à la classe aisée. Les autres, pour des raisons d’économie, ou par ignorance, ou tout simplement parce qu’il n’existe rien de mieux à leur portée, ont adopté l’appareil que je vais décrire et qui est d’autant plus dangereux qu’on l’impose déjà à la jeune fille pendant la période de son développement. Beaucoup de femmes sont mal portantes à l’âge adulte parce que leur jeunesse a été mal dirigée ; il est donc de notre devoir d’intervenir. J’entreprends la lutte après beaucoup d’autres. Serai-je plus heureuse que mes devanciers ? Je ne sais. Mais lorsqu’une pratique est mauvaise il faut la combattre sans trêve jusqu’à ce qu’elle soit réformée et vaincue. Essayons donc d’indiquer aux femmes de quelle façon elles doivent s’habiller pour conserver leur forme normale et se bien porter, ces deux conditions étant solidaires.

Je m’attacherai à rechercher : 1o si le corset est indispensable à la femme ; 2o si l’appareil en usage est réalisé d’une façon rationnelle ; 3o enfin, s’il est défectueux, dans quel sens on devra le modifier.

Étant donné le costume que portent actuellement les femmes dans les pays civilisés, costume auquel nous ne pourrons de longtemps faire subir de sérieuses modifications, j’estime qu’une sorte de corset est vraiment nécessaire. Quelle que soit leur forme et quels que soient les défauts qu’ils présentent, tous les corsets remplissent une importante fonction qui explique leur usage général : ils servent à fixer la partie inférieure du vêtement de la femme. À l’encontre des voiles antiques dont le poids était supporté par les épaules, notre vêtement se divise en deux parts qui se rejoignent au niveau de la taille. La partie supérieure, le corsage, repose encore sur les épaules ; mais la