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ANNEXES.

conséquence une diminution dans la dilatation des poumons et, partant, dans la quantité d’oxygène introduite dans l’organisme. Le corset actuel, qui s’élève jusqu’aux seins, enserrant la cage thoracique jusqu’à ce niveau, a pour premier effet d’empêcher toute augmentation de diamètre dans les parties qu’il recouvre. Il diminue donc l’action respiratoire. C’est pour parer partiellement à cet inconvénient que les femmes qui portent le corset exagèrent la respiration costale supérieure ; sans corset la femme respirerait comme l’homme. La compensation n’est pas absolue d’ailleurs ; car s’il peut y avoir équivalence au point de vue de la quantité d’air introduite à chaque inspiration, il n’en est pas moins vrai que les bases des poumons ne subissent que peu ou pas de variation et que, par suite, le renouvellement des gaz ne doit pas être aussi complet que lorsque ces organes peuvent changer de volume dans toute leur étendue. Je n’insisterai pas sur ces inconvénients souvent signalés ; je ferai remarquer seulement qu’ils deviennent beaucoup plus sensibles lorsque la femme a des efforts à exercer, un travail mécanique à produire, ce qui nécessite une grande consommation d’air.

Mais la constriction du thorax par le corset n’a pas seulement pour effet fâcheux de gêner la respiration, elle agit encore indirectement sur tous les organes du tube digestif. Nous allons le démontrer.

Admettons un instant que notre corset, représenté par un lien imaginaire, s’applique seulement sur la région épigastrique telle que nous l’avons définie. Nous le serrons à la façon d’une ceinture. Ce lien, chez une femme saine et de moyen embonpoint, passera au-dessous de l’estomac, du foie et des reins, en laissant ceux-ci dans l’espace libre qui s’étend de la taille aux fausses côtes ; cet espace est considérable dans l’espèce humaine et il est augmenté par la concavité du diaphragme. Si nous comprimons la région dans laquelle se trouvent ces organes, ainsi que la région thoracique inférieure, nous rétrécissons la partie supérieure de la cavité abdominale en en diminuant la voûte. L’immobilisation naturelle des côtes et l’immobilisation artificielle des fausses côtes ne laissent à la cavité thoracique que la ressource d’abaisser le diaphragme qui est nécessairement mobile. Les viscères abdominaux, pressés concentriquement à leur partie supérieure et n’ayant plus l’espace épigastrique pour se développer, sont forcés de descendre et de faire saillie au-des-