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LE CORSET.

rieure des fausses côtes et empêche le redressement du corps. C’est la région antérieure qui retiendra toute notre attention. Elle se trouve en contact, sur toute sa hauteur, avec des parties molles plus ou moins indépendantes les unes des autres par leur rôle physiologique. Peut-on immobiliser toute cette surface à l’aide du même appareil, en établissant une sorte de séparation au niveau de l’épigastre, séparation déterminée par un lien constricteur ? Évidemment non. La région épigastrique, en effet, doit faire cause commune avec la région abdominale parce que toutes deux font partie d’une même cavité, la cavité abdominale. Il ne faut pas qu’un lien les sépare, les isole l’une de l’autre. Par conséquent si l’on interpose une ceinture épigastrique pour soutenir les jupes, c’est à la condition que cette ceinture ne serre pas en avant du corps, mais qu’elle se continue vers le bas et soutienne le ventre dans toute son étendue. Voilà un premier fait établi.

Nous n’accorderons pas la même utilité à la partie supérieure du corset. Depuis la région épigastrique jusqu’aux seins, il existe une série de viscères qui ont tous besoin d’une grande liberté pour leur bon fonctionnement ; ils n’appartiennent pas aux mêmes appareils, remplissent des fonctions différentes et ne sont point situés dans la même cavité. Leur capacité augmente ou diminue à chaque instant en hauteur et en largeur. Les parois osseuses même qui les environnent sont mobiles ; il serait illogique de les immobiliser. Si nous les emprisonnons dans un appareil rigide partant des seins et se reliant à la taille, nous luttons contre les lois de la nature. Je conclus donc, d’après ces données, que s’il peut y avoir solidarité entre la région épigastrique et la région abdominale, il y a une indépendance absolue entre cette même région épigastrique et la région thoracique. C’est pourquoi je pense qu’on ne doit pas utiliser le corset pour soutenir les seins, mais qu’il faudrait l’adapter seulement aux deux seules fonctions qui me semblent utiles et que je considère comme indissolublement liées ; le soutien des vêtements et la contention des organes abdominaux.

L’examen de la disposition et du fonctionnement des organes contenus dans ces deux cavités justifie cette opinion. Est-il besoin de rappeler que la cage thoracique qui recouvre le cœur et les poumons doit augmenter ses dimensions transversales pour l’inspiration ? Toute gêne apportée à cette ampliation a pour