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ANNEXES.

Mais, me dira-t-on, par quel mécanisme spécial le corset devient-il un instrument aussi néfaste et trouble-t-il si profondément nos échanges nutritifs ?

La raison en est simple, je vais l’étudier avec vous.

Admettons un instant que notre corset, représenté par un lien imaginaire, s’applique sur la région épigastrique telle que nous l’avons définie, Nous le serrons à la façon d’une ceinture. Ce lien, chez une femme saine et de moyen embonpoint, passera au-dessous de l’estomac, du foie et des reins, en laissant ceux-ci dans l’espace libre qui s’étend de la taille aux fausses côtes ; cet espace est considérable dans l’espèce humaine et il est augmenté par la concavité du diaphragme. Si nous comprimons la région dans laquelle se trouvent ces organes, ainsi que la région thoracique inférieure, nous rétrécissons la partie supérieure de la cavité abdominale en en diminuant la voûte. L’immobilisation naturelle des côtes et l’immobilisation artificielle des fausses côtes ne laissent à la cavité thoracique que la ressource d’abaisser le diaphragme qui est nécessairement mobile, mais d’une mobilité limitée. Les viscères abdominaux, pressés concentriquement à leur partie supérieure, et n’ayant plus l’espace épigastrique pour se développer, sont forcés de descendre et de faire saillie au-dessous du lien. Les résultats de cette constriction, résultats que nous constatons tous les jours, sont les suivants :

L’estomac par sa partie supérieure, orifices et petite courbure, est fixe. Sa grande courbure, au contraire, est douée d’une grande mobilité. Au moment des repas, les aliments sont introduits à l’aide de contractions de l’œsophage et par leur propre poids.

Pendant la digestion, la face antérieure de l’estomac se rapproche de la paroi abdominale sur laquelle elle prend un point d’appui pour exécuter ses mouvements physiologiques ; mais lorsque l’expulsion des aliments doit se faire, la région pylorique se trouve au niveau de la compression. L’estomac est alors forcé de lutter et cette lutte n’étant pas dans son rôle, il se fatigue, les aliments séjournent plus longtemps qu’il ne convient dans sa cavité, ils y subissent par le fait de ce retard des fermentations anormales, l’estomac se dilate et se déforme, son bord inférieur s’abaisse et il en résulte toutes les conséquences fâcheuses bien connues maintenant, depuis les travaux de M. le professeur Bouchard.