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LE CORSET.

forme actuelle, et l’expression me paraît bien faible pour rendre ma pensée.

En un mot, il faut que le corset ne dépasse pas, en haut, la région qui s’étend des crêtes iliaques aux fausses côtes. Il faut que la cage thoracique demeure entièrement libre et qu’elle ne soit gênée par aucun vêtement ajusté, pas même un corsage à pinces. Les fausses côtes doivent se mouvoir librement, et le plus léger obstacle, je le répète, entrave leur rôle physiologique.

L’exercice de la bicyclette nécessite des efforts continus et suffisamment intenses pour que le poumon y participe tout entier. N’oublions pas que c’est à l’absorption de l’oxygène par les poumons et au contact de ce gaz avec les parois alvéolaires de ces organes que nous devons, sous l’influence des phénomènes osmotiques, la transformation du sang noir, c’est-à-dire du sang qui, ayant servi, est devenu impropre à nous fournir encore des éléments nutritifs, en sang rouge, sang rutilant, c’est en absorbant l’oxygène que lui apporte l’air, que le sang noir reconquiert toutes les propriétés vivifiantes qu’il avait perdues.

Je crois qu’il était nécessaire d’insister sur ce point, car, en général, en dehors des personnes très renseignées par des études spéciales, ces phénomènes intimes sont imparfaitement connus.

2o L’appareil digestif est lésé par l’application du corset d’une façon plus directe encore que l’appareil respiratoire. Tandis que, pour ce dernier, les troubles sont fonctionnels et se font immédiatement sentir, prévenant ainsi les sujets et servant d’avertissement pour les lésions ultérieures, l’estomac, au contraire, ne laisse pas percevoir immédiatement la gêne qui entrave son fonctionnement. Il est résistant, il lutte, et ce n’est que lorsque les troubles sont profonds, graves, lorsqu’il est absolument impuissant, déformé, dilaté, lorsque ses parois sont altérées, que la nutrition est compromise, c’est alors seulement que les malades soupçonnent à peine que cet état est dû au corset.

Beaucoup de femmes ont des troubles gastriques, des digestions lentes, elles en accusent le système nerveux plutôt que de songer à l’estomac qui ne les fait pas souffrir. À ce moment, il est bien tard pour intervenir, et si l’on ne réforme pas absolument sa manière de vivre et de s’habiller, si l’on ne s’astreint pas à un régime très sévère, cette défaillance nutritive se prolonge indéfiniment.