Page:Gacon-Dufour - Réponse à M. A..., 1807.djvu/14

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ment donc pourrait-elle souffrir de ce que je le loue avec justice, et de ce que ses vertus, sa bienfaisance, sa douce et consolante humanité, et sa piété tolérante, font verser des larmes d’attendrissement et de plaisir sur tous les théâtres de la France (dans un des chef-d’œuvres de l’un des hommes que vous n’aimez pas), chef-d’œuvre fait pour plaire dans tous les lieux et dans tous les temps, et qui passera à la postérité la plus reculée, ainsi que la gloire du prélat admirable qui en est le sujet. Vous eussiez dû le dire ! car, si vous ne vous expliquez pas, personne ne comprendra en quoi peut consister le malheur d’être universellement aimé et loué. Si vous pouviez parvenir à l’être comme lui ! Expliquez-vous, je vous le demande en grâce, ou souffrez qu’on vous adresse ces deux vers, que M. de Claville a traduits du discours du pape Innocent XII, qui fut plus scandalisé de lu chaleur de quelques prélats qui poursuivaient la condamnation du livre de Fénélon, que du livre même :

Fénélon a péché par trop d’amour divin,
Vous autres, par trop peu d’amour pour le prochain.
Traité du vrai mérite,
par Lemaître de Claville.

Au surplus, Monsieur vous êtes bien le maître de dire tout ce qu’il vous plaira. Vous aurez beau crier, vous n’empêcherez pas les amis sincères de l’humanité, d’avoir moins d’estime pour Bossuet que pour Fénélon, que pour Fénélon, que les siècles modernes peuvent opposer à tout ce que l’antiquité nous offre de plus beau dans la conduite morale,