Page:Gacon-Dufour - Réponse à M. A..., 1807.djvu/15

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Fénélon fut un de ces chrétiens si rares ; dont la piété affectueuse et tendre ne se montra jamais ni farouche, ni pédante, ni austère, et dont la charité s’étendait même jusques sur les incrédules.

Fénélon fut un philosophe éclairé, qui dans ses instructions à un jeune prince d’Allemagne, destiné à régner, lui recommanda surtout de ne jamais forcer ses sujets à changer de religion. « Nulle puissance humaine, lui disait-il, n’a droit sur la liberté du cœur : la violence ne persuade pas, elle ne fait que des hypocrites : donner de tels prosélytes à la religion, ce n’est pas la protéger, c’est la mettre dans la servitude. »

Fénélon fut un homme doux, qui écrivit sans fiel contre les Jansénistes, dont la doctrine lui paraissait impitoyable et désespérante, et qui, en les combattant, n’écoutait que son cœur. « Dieu, disait-il, n’est pour eux que terrible, il n’est pour moi que l’être bon : je ne puis me résoudre à en faire un tyran qui nous ordonne de marcher en nous mettant aux fers, et qui nous punit si nous ne marchons pas. »

Fénélon était un prélat pacifique qui, en proscrivant les principes des Jansénistes, qui lui paraissaient trop durs, ne pouvait pas souffrir qu’on persécutât ceux qui les soutenaient. « Soyons à leur égard, disait-il, ce qu’ils ne veulent pas que Dieu soit à l’égard des hommes, pleins de miséricorde et d’indulgence. »

Fénélon fut un homme courageux, qui exhortait madame de Maintenon à inspirer au