Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/100

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— Pour quelles raisons, te l’a-t-elle dit ?

— Parce qu’elle savait que son frère n’avait jamais pu me souffrir, répondit tristement sœur Hélène. Ah ! cela me rappelle qu’au moment de partir elle voulait encore t’écrire, elle disait te l’avoir promis, mais je l’ai empêchée de le faire, naturellement.

Le docteur avait détourné la tête.

— Et depuis lors, fit-il, quelles nouvelles as-tu reçues ?

— Quand elle est arrivée, il venait d’avoir une hémorragie, mais il paraissait plus soulagé, et maintenant ils attendent qu’il soit assez fort pour se remettre en route.

Sœur Hélène s’arrêta. Était-ce une illusion, était-ce l’effet de la lumière — il lui sembla que toute la figure de son frère rayonnait de la joie la plus profonde.

— Que dirais-tu, Hélène, fit-il lentement, si je te quittais de nouveau pour aller à son… à leur aide ?

— Ce que je penserais ? Oh ! Charles, ce que je sais déjà, c’est que tu es le meilleur des hommes ; c’est tout ce que je désirais, mais je n’osais pas te le demander.

Maintenant elle comprenait, elle savait ce qui faisait ainsi rayonner sa figure, la joie du sacrifice, la joie de secourir les malheureux, les souffrants.

Et, comme elle levait sur lui ses beaux yeux tout brillants de tendresse et d’admiration, il se détourna d’un air un peu embarrassé ; décidément, sa sœur n’y voyait pas très clair.