Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/14

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— Écoute, ma fille, dit-elle enfin, il nous faut parler raison, bien qu’il m’en coûte beaucoup. Tu ne sais peut-être pas que la pension de veuve qui vous aidait à vivre a pris fin en même temps que ta pauvre mère, et ce qu’elle vous laisse suffira tout juste pour l’entretien de Louis. Elle n’y a pas pensé, naturellement, sans cela elle ne vous aurait pas fait cette recommandation. Quant à encourager Louis, ce n’est vraiment pas nécessaire, il me semble ; et si tu veux venir demeurer quelque temps chez moi tu me feras plaisir ; Louis te rejoindra bientôt, et plus tard, dans une année ou deux, si tu en as encore le goût, tu seras libre de faire servir ce beau diplôme dont ta mère m’a parlé.

— Quand partirons-nous, tante Olympe ? murmura Petite Nell.

— Je ne sais pas encore, mais j’irai d’abord la première, pour remettre un peu d’ordre dans ma maison, voir ce qui s’y passe, préparer ta chambre et les prévenir de ton arrivée ; tu sais, oncle Nestor est un peu singulier, il a des idées particulières sur les messieurs et les dames, mais au fond, il est bon comme l’or, seulement il ne faut pas le contrarier, tu comprends, n’est-ce pas ?

Mais si Petite Nell comprenait, elle n’en dit rien ; la figure cachée dans ses mains, elle pleurait comme si son cœur allait se briser.

Tante Olympe la regarda d’un air triste.

— Ça lui fera du bien, pensa-t-elle, en s’essuyant furtivement les yeux, les larmes sont pour les cœurs malades, comme la rosée du matin pour les fleurs fanées.