Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/13

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vante, vous pourrez rester avec nous, tante Olympe, et nous partirons ensemble après les examens de Louis.

La brave tante enleva le châle qui lui couvrait les épaules et fit deux ou trois fois le tour de la chambre avant de pouvoir parler.

— Tu n’y entends rien, dit-elle enfin, il faut que je m’en retourne : tu dois comprendre que je ne peux pas laisser une étrangère s’introduire ainsi dans m’a maison. Que deviendraient mon linge, ma garde-robe, mes provisions !… En vérité, je crois que Nestor a perdu la tête.

— Écoute, petite, fit-elle, comme la fillette s’apprêtait à quitter la chambre, j’ai encore quelque chose à te dire. Est-ce que tu voudrais venir demeurer chez moi, en attendant que tu sois en âge de… de gagner ta vie ?

Un douloureux étonnement se peignit sur la figure de l’enfant.

— Tu sais, continua tante Olympe, décidée cette fois à décharger son cœur, que vous n’êtes pas riches.

Petite Nell fit un signe affirmatif.

— Et que ça coûte beaucoup d’étudier et plus encore de tenir un ménage. Si tu ne veux pas venir demeurer chez moi, il faudra que Louis renonce à ses études et se cherche une autre occupation.

Une angoisse indicible passa sur le visage de la fillette.

— Mais, s’écria-t-elle, maman nous a recommandé de ne jamais nous séparer ; elle m’a dit… de veiller sur Louis, de l’aider, de l’encourager, elle savait… elle savait qu’il…

Une explosion de larmes lui coupa la parole.

Tante Olympe attendit quelques secondes.