Le sourire de sa garde-malade avait été pour Petite Nell la goutte d’eau bienfaisante.
Immobile, dans son grand lit, elle pensait, elle pensait aux longs jours, aux longues nuits de sommeil enfiévré qu’elle venait de traverser ; elle pensait à sa grande solitude, à ses continuelles anxiétés au sujet de son frère ; elle se rappelait que, dans son angoisse, elle avait souhaité s’endormir pour toujours.
Et voilà qu’elle venait de s’éveiller, non plus la pauvre petite fille désolée dont elle se souvenait si bien, mais riche, riche d’une nouvelle affection, et, les mains jointes, le cœur rempli d’un joyeux étonnement, elle remerciait Dieu du beau réveil qu’il lui avait préparé.
Elle voulait vivre, maintenant, elle voulait essayer d’être pour son frère, malgré la distance, tout ce que sa mère lui avait recommandé. Elle voulait tâcher de se rendre utile, d’aider tante Olympe, de vaincre sa répugnance pour les travaux du ménage, de faire plaisir à tous, même à oncle Nestor, si c’était possible.
Et, pendant qu’elle songeait ainsi, Petite Nell suivait des yeux tous les mouvements de sa garde-malade, qui allait et venait sans bruit dans la chambre, mettant tout en ordre, pour recevoir la visite du médecin.
— Sœur Hélène !
Mlle Steinwardt se retourna.
— Pourquoi vient-il si souvent ? demanda la fillette, à présent je suis presque guérie.
— Je ne crois pas qu’il vienne plus souvent que ce n’est nécessaire, répondit la garde-malade, en se