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rapprochant du lit ; n’aimez-vous pas ses visites, Petite Nell ?

— Oh ! si…, je ne sais pas, il me fait toujours peur.

— Peur ! mon frère vous fait peur ? Il faut être une petite sauvage comme vous pour dire une chose pareille.

— Mais ce n’est pas de ma faute ; pourquoi fronce-t-il le sourcil comme quelqu’un qui va se mettre en colère ?

Sœur Hélène avait relevé la tête, sa belle figure, habituellement pâle, s’était subitement colorée.

— Mon frère ne se fâche jamais, Petite Nell ; il n’y a pas au monde un être meilleur et plus inoffensif ; vous le sauriez déjà si vous le connaissiez mieux, et ce que vous appelez froncer le sourcil n’est… n’est que…

Un coup frappé à la porte vint l’interrompre, et celui qu’elle défendait si chaleureusement parut sur le seuil.

Petite Nell avait raison ; le visage du nouveau venu était singulièrement grave et ses sourcils noirs, rapprochés l’un de l’autre par une contraction habituelle, augmentaient encore la sévérité de son expression ; sa bouche, que recouvrait une moustache brune, ne semblait pas faite pour le sourire ; seuls, ses yeux, des yeux gris, pénétrants, mais pleins de bonté, donnaient un démenti formel à toute sa figure.

Il tendit la main à sa sœur et s’approcha de Petite Nell.

— Bien, dit-il, plus de fièvre ; si cela continue, Mlle  Daval pourra se lever quand elle voudra, à la