Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/44

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 38 —

En disant ces mots elle écarta le rideau de vigne vierge pour le laisser passer.

— Louis, voici Mlle Steinwardt, c’est elle qui m’a soignée, tu sais.

Le jeune homme s’inclina très bas et prit, un peu intimidé, la main que lui tendait sœur Hélène qui s’était levée et se disposait à partir.

— Oh ! non, pas encore, murmura Petite Nell, en l’obligeant à se rasseoir.

— Sais-tu, reprit Louis, après quelques secondes, sais-tu, Petite Nell, que tu as tellement grandi, qu’au premier moment je ne pouvais croire que ce fût toi… Nell se redressa d’un air glorieux.

— Ah ! à présent, dit-elle, tu ne pourras plus me menacer de me montrer pour ma petite taille.

— Non, mais si tu continues on te montrera pour ta longueur. Maintenant, raconte-moi un peu quelle vie on mène ici, est-ce terriblement ennuyeux, as-tu beaucoup de peine à t’y faire ?

— Je ne sais pas encore, jusqu’à présent je n’ai rien fait.

— Pourquoi ne m’as-tu jamais parlé de ta santé dans tes lettres ?

— Parce que je ne me sentais pas malade, seulement un peu drôle, et puis j’avais tant d’autres choses à te dire qui m’intéressaient bien plus ; mais toi, tu ne m’écrivais rien, ni peu, ni beaucoup, et j’avais une si grande envie de savoir ce que tu faisais, si tu étais content de ta chambre, de ta pension, et si les soirées te semblaient bien longues, depuis… depuis que…

— Pauvre petite sœur, pardonne-moi, tu com-