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— Oui, mais ton tyran ne m’avait rien promis du tout.

— Elle est si peu tyrannique, reprit sœur Hélène, d’une voix un peu fatiguée, qu’elle n’a pas même cherché à me retenir ; mais, mon départ a été facilité par l’arrivée de son frère.

— Ah ! vraiment ; quelle espèce d’homme est-ce ?

— De la plus belle espèce, tu verras, mais je préfère la figure de Petite Nell.

Le docteur sourit.

— Ah ! voilà que tu te moques de moi.

— Pas du tout, seulement tu m’amuses ; ainsi, il n’a pas su trouver le chemin de ton cœur ?

— Mais, je n’ai fait que l’entrevoir, comment veux-tu ?…

Elle se leva pour quitter la chambre, et monta dans la sienne.

C’était une jolie pièce, assez vaste, et qui servait à sa propriétaire, de petit salon, en même temps que de chambre à coucher.

Un rayon de lumière pénétra jusqu’au petit lit blanc, au-dessus duquel était suspendu un portrait dont le cadre doré se mit à scintiller sous cette dernière caresse du soleil couchant.

Sœur Hélène s’en approcha, contempla pendant quelques secondes celui qui la regardait avec un sourire si vivant, qu’il semblait que ses lèvres fussent prêtes à s’entr’ouvrir.

Mais, au lieu de répondre à ce beau sourire par un autre sourire, elle cacha tout à coup sa figure dans ses mains et s’agenouilla près de son lit.