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Mais Petite Nell n’avait pas attendu l’explication, elle était remontée quatre à quatre dans sa chambre et avait déchiré l’enveloppe pour en dévorer plus vite le contenu.

— Tiens, c’est drôle, trois pages entières, lui qui n’écrit jamais que deux lignes.

Et elle se pencha sur la petite écriture illisible, qu’elle connaissait si bien, mais elle avait à peine commencé que ses sourcils se rapprochèrent et, quand elle arriva à la dernière page, il n’y avait plus trace de joie sur sa figure. En cet instant, la porte s’ouvrit et tante Olympe entra.

— Mon Dieu, qu’y a-t-il, il est malade, dis, Nellie ?

— Non, tante Olympe, seulement… il m’écrit… il m’écrit qu’il ne passera pas ses vacances avec nous… on lui a offert une place… une famille très riche, qui voyage, et… et il a accepté.

Elle tendit la feuille ouverte à sa tante, prit son chapeau et quitta la chambre. Pauvre Nell, sa déception était si amère, si profonde, qu’elle n’avait pas encore pu verser une larme. Mais il y avait du moins quelqu’un qui la comprendrait, quelqu’un qui l’aimait et qui la consolerait. Elle savait que si sœur Hélène ne pouvait pas la préserver de toute peine, elle était du moins prête à les partager, et cette pensée la faisait aller si vite, qu’elle eut bientôt atteint le jardin du docteur et gravi l’escalier qui conduisait à la chambre de son amie.

— Entrez, Petite Nell, cria la voix joyeuse de sœur Hélène.

Petite Nell ouvrit, mais au lieu de répondre au bon sourire qui l’accueillait, elle éclata en sanglots.