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airs-là, je vois clair, et tante Olympe aussi, elle m’en a déjà parlé.

— Alors, puisque vous le savez, pourquoi me le demandez-vous ? répondit Maxime, en se détournant pour s’essuyer le front.

— Parbleu, reprit maître Nestor d’une voix un peu moins rêche, nous savons bien, ta tante et moi, que nous ne pourrons pas toujours te garder sur nos genoux, que tu es en âge de te marier.

Maxime garda le silence.

— Ah ! ça, j’espère que tu n’as pas fait un mauvais choix, reprit le père d’un air soupçonneux.

— Vous n’avez rien à craindre, murmura le jeune homme.

Oh ! comme il l’aimait, cette jolie fleur délicate, qui ne ressemblait en rien aux belles fleurs rouges que tante Olympe lui proposait, comme il l’aimait, comme il l’admirait, d’autant plus fort qu’il n’osait le dire à personne, à elle moins qu’à toute autre ! Et pourtant, il se sentait capable de tous les sacrifices pour obtenir un sourire, un regard d’approbation.

Oh ! comme il saurait être bon, doux, dévoué, oui, il saurait, quoique simple vigneron, être envers elle aussi délicat, aussi attentif qu’un grand seigneur envers sa châtelaine. Ne lui avait-elle pas souvent dit qu’il ne ressemblait en rien à ses amis, et il avait vu dans ses beaux yeux sincères qu’elle en était contente. Un roulement sourd, comme le son lointain du tonnerre, le tira tout à coup de sa rêverie. Au-dessus de lui, le ciel était noir et menaçant.

D’un pas encore un peu alourdi, il se dirigea vers la place où son père travaillait.