— Myope, répéta tante Olympe, je voudrais, au contraire, avoir la vue un peu moins longue.
— Ça n’empêche pas que vous y voyez clair comme un chat nouveau-né. Envoyer Maxime à la rencontre de sa cousine !
— Mais c’est toujours lui qui va la chercher, quand elle est chez son amie ou quand elle exerce… comment appelle-t-on ça, ce qu’elle joue le dimanche, avant le cantique ?
Au lieu de répondre, maître Nestor se pencha sur sa belle-sœur et la regarda dans le blanc des yeux :
— Est-ce que vous n’avez pas vu, est-ce que vous ne voyez pas que ce garçon en est amoureux, au point de ne plus savoir ni ce qu’il dit, ni ce qu’il fait ?
— Ah ! que me dites-vous là, beau-frère ?
— Je vous dis la simple vérité, mais je vous aurais crue plus fine. Les voici, vous nous laisserez seuls, sœur Olympe.
— Nous rentrons un peu tard, n’est-ce pas, tante ? demanda Petite Nell d’un air inquiet, en la voyant déjà prête à se retirer ; mais, vous comprenez, nous avions tant de choses à nous raconter, continua-t-elle en la suivant hors de la cuisine.
Aussitôt qu’il fut seul avec son fils, maître Nestor se tourna brusquement vers lui
— Il me semble, dit-il, d’une voix sourde, que tu prends bien du temps pour répondre à une simple question.
Maxime, qui s’était assis près de la table, se redressa de toute sa hauteur.
— Que voulez-vous dire, père ?