Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/68

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— Est-ce que vraiment tu aurais si mauvaise mémoire ? Nous avons convenu, il y a quelques semaines, que tu me ferais bientôt part de ta décision quant à…

— Moi, je n’ai convenu de rien, interrompit Maxime.

— Comme je te l’ai déjà dit, reprit lentement le paysan, ça ne peut pas continuer ainsi, tu deviens maigre à faire peur ; si tu as fait ton choix, dis-le moi, et je ferai ta demande.

Un frisson nerveux secoua le pauvre garçon, mais il ne desserra pas les dents.

— Crains-tu d’avoir fait un mauvais choix, un choix que je n’approuverais pas ?

— Je n’en sais rien, père.

Il y eut un long silence.

— Me suis-je trompé, reprit enfin oncle Nestor, d’une voix lente, claire et distincte, ou ai-je vu juste : n’est-ce pas à ta cousine Nellie que tu penses ?

Maxime devint aussi blanc que son col de chemise.

— Vous ne vous êtes pas trompé, père.

— Est-ce que tu aurais l’intention de l’épouser ?

— Oui, père, si elle veut de moi.

— Ça, ça ne me regarde pas, répondit le vigneron, mais ce qui me regarde, c’est de te donner un conseil avant qu’il soit trop tard. Tu sais, continua-t-il, que lorsqu’on veut faire une emplette, on s’assure d’abord que la marchandise est bonne.

— Je ne comprends pas, père.

— Je veux dire que la marchandise est bien celle qui nous convient.

— Si c’est ainsi que vous nommez ma cousine