Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
- 2 -

elle était seule avec Celui dont la présence bannit la crainte.

Et, maintenant, ils restaient là, immobiles, en face de cette douce figure, si blanche, qui, peu d’instants auparavant, les regardait encore de ses beaux yeux profonds, sur lesquels tante Olympe avait abaissé les paupières.

Elle allait et venait sans bruit dans la chambre, la brave tante Olympe, remettant chaque chose en place et jetant, de temps à autre, un coup d’œil inquiet vers le lit, où les deux enfants demeuraient tout à fait tranquilles, comme s’ils craignaient de troubler leur mère dans son profond sommeil.

— Louis, murmura-t-elle enfin, ne veux-tu pas aller télégraphier à oncle Nestor pour lui dire que nous l’attendons au plus tôt, lui ou Maxime.

Le pauvre garçon secoua la tête et se mit à sangloter.

— Va, mon fils, dit sa tante, en passant tendrement la main dans ses jolis cheveux, va, ça te fera du bien de sortir ; ne pleure pas ainsi, sois raisonnable, vois comme ta sœur est sage, suis son exemple, mon garçon.

Mais plus elle parlait, plus la douleur du pauvre enfant redoublait de violence. Enfin, quand il eut pleuré jusqu’à en être épuisé, il se leva et quitta la chambre suivi de sa tante.

Pendant ce temps, Petite Nell n’avait pas fait un mouvement, la figure tournée vers celle de sa mère, ses doux yeux bleus fixés sur ceux qui ne devaient plus la regarder ; elle ne voyait rien, n’entendait rien,