Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/95

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 89 —

— Mais, chérie, il n’y a pas encore une semaine qu’il vous a écrit.

Petite Nell ne répondit pas, la porte venait de s’ouvrir et la vieille bonne lui tendait ce qu’elle avait tant désiré et ce qu’elle avait tout à coup si peur de recevoir.

Très lentement, cette fois, elle tira de son enveloppe un mince carré de carton, s’approcha de la fenêtre et se retourna presque aussitôt.

— Il est plus mal, il est obligé de revenir.

Sœur Hélène pâlit.

— Est-ce tout ce qu’il dit ?

— Oui, tout.

Elle lui tendit la carte et quitta la chambre.

La minute d’après, sans pleurer, sans gémir, Petite Nell faisait ses préparatifs de départ, aidée de son amie, qui la suivait d’un regard inquiet, et qui aurait préféré à ce calme étrange, les larmes dont elle était d’habitude si peu avare.

— Qu’allez-vous faire, chérie ? demanda tout à coup sœur Hélène, en la voyant s’asseoir à sa table et ouvrir son buvard.

— J’ai promis au docteur de lui écrire si je devais vous quitter avant son retour, répondit Petite Nell.

— Non, non, vous ne le ferez pas, il ne faut pas troubler ses derniers jours de vacances ; s’il savait nos inquiétudes, il n’aurait plus aucun plaisir.

— Mais, je lui ai promis…

— Cela ne fait rien, il saura que c’est moi qui vous ai empêchée de tenir votre promesse ; d’ailleurs, vous ne me quittez pas, nous partons ensemble.

— Non, non, cela ne se peut pas, s’écria Petite