Il sourit.
— Que vois-tu de si affreux, chérie ; ai-je beaucoup vieilli, que tu me regardes d’un air si mécontent ?
— Es-tu tout à fait bien, Charles ?
— Certainement.
— Tu n’as pas été malade ?
— Mais non, pourquoi ?
— Tes joues sont creuses, tes yeux fatigués…
— Eh bien ! cela prouve que j’avais besoin de rentrer chez moi ; du reste, si tu t’imagines que tu as bonne mine…
— Oh ! moi, c’est différent. Maintenant viens t’asseoir, tu dois manger quelque chose, sinon, Gritli sera offensée.
— Je n’ai pas grand’faim, je crois que je veux suivre l’exemple de Nellie et aller me coucher.
— Pauvre Petite Nell ! qui sait si elle est couchée…
Il se retourna si brusquement qu’elle tressaillit.
— C’est vrai, tu ne sais rien encore, ajouta-t-elle ; elle n’est plus ici ; mais je te raconterai cela demain, tu es trop fatigué ce soir pour rien entendre de plus.
Il ne répondit pas, il n’en pouvait plus ; la tête lui tournait même si fort qu’il se cramponnait au coussin du sofa.
Que lui arrivait-il ! était-ce la fatigue, était-ce… était-ce…
Il y eut un long silence, pendant lequel ils demeurèrent tous deux parfaitement tranquilles.
— Pourquoi, Hélène ? murmura-t-il enfin.
— Pour aller soigner son frère, qui est très malade ; tu comprends, je ne t’en ai rien écrit pour ne