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Page:Gagneur - Jean Caboche à ses amis paysans.pdf/11

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frir d’ordinaire, se donnent toujours la main quand il s’agit de se liguer contre Caboche.

Cependant, depuis le 4 septembre, les honnêtes gens de Neubourg ne me regardaient plus tout à fait comme un pestiféré. Le curé, lui-même, qui prêchait contre moi, daignait m’ôter son chapeau.

Quant au nouveau républicain Moutonnet, il m’appelait son ami gros comme le bras et me confiait les arbitrages de la commune. Toutefois il n’eût point osé m’inviter à dîner avec le curé et M. Maujars, des gens trop huppés pour Caboche. Mais comme il entre dans sa politique d’être bien avec tous les partis comme avec tous les gouvernements, il prit le prétexte d’un travail d’arpentage pour m’envoyer chercher au dessert.

C’était un coup monté : Ils s’étaient dit que je devais être bien peneux de ce qui se passait à Paris, et que je n’oserais plus maintenant soutenir la République. Ils pensaient du moins me mettre dans l’embarras et assurer ainsi devant la fine fleur de Neubourg le succès de ce qu’ils appelaient le parti de l’ordre.

Ah ! ils ne connaissaient pas encore bien ma caboche ! Vous allez voir comment ils furent pris dans leurs propres filets.

Dès en arrivant, je leur vis à tous un air narquois et des regards en dessous. Je devinai tout de suite qu’ils se disaient en eux-mêmes : c’est bon, nous le tenons. De