sorte que lorsque M. Moutonnet m’offrit une tasse de café, je fus tenté de refuser. Mais bah ! leurs vilaines mines m’agaçaient, et je voulus tâter le fond du sac.
On ne tarda point à parler politique.
— Eh bien ! me dit le père Mathurin en se frottant les mains. Qu’en penses-tu maintenant de ta fameuse République ?
— Père Mathurin, j’en pense ce que j’en ai toujours pensé : la République est le seul gouvernement possible aujourd’hui, le seul raisonnable et juste, et sans contredit le plus économique et le plus honnête.
— Ah ! oui, le plus honnête surtout, reprit en ricanant le père Mathurin.
— Certainement, les comptes au moins s’y font au grand jour ; on ne peut tromper personne. Croyez-vous que, sous une république, il aurait pu se produire dans le budget de la guerre ces tromperies qui ont amené tous les malheurs de la France ?
— Que voulez-vous dire, ami Caboche ? fit M. Moutonnet.
— Ne savez-vous donc pas, monsieur Moutonnet, que chaque année votre empereur…
— Oh ! mon empereur !…
— Il n’y a pas si longtemps qu’à la fin de tous vos discours vous criiez : Vive l’empereur ! Eh bien, votre empereur, chaque année, tripotait si bien dans le budget de la guerre, qu’il s’y trouvait un gros déficit tant en hommes qu’en équi-