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Page:Gagneur - Jean Caboche à ses amis paysans.pdf/19

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— Sans doute, ils commettent des excès, ils sont coupables, très coupables ; mais il y a d’autres coupables, ce sont les royalistes forcenés et les entêtés de la droite, qui s’obstinent à repousser toutes leurs réclamations, dont quelques-unes pourtant sont légitimes. Tant que la bourgeoisie ne comprendra pas que le temps est venu pour elle de faire des concessions, au moins pour les questions d’impôts, elle s’expose aux colères de la classe qui travaille et qui souffre.

— Ah ! vous y voilà donc, fit le curé d’un air de triomphe. Nous vous l’avons fait avouer. C’est l’envie qui vous pousse aux révolutions.

— Tu aboules enfin, dit à son tour Mathurin.

— Il s’est coupé, dit Cafardot avec son œil de vipère et son sourire au vinaigre.

— Je ne me suis point coupé, monsieur Cafardot. Je ne dis certes pas que nous songions à prendre dans votre poche vos gros sous ou vos écus. Nous ne voulons qu’une plus équitable répartition des charges publiques, c’est-à-dire une réforme radicale dans les impôts.

Nous voulons que le pauvre ne paie rien ou presque plus rien, et que celui qui possède beaucoup, paie beaucoup plus à proportion ; qu’on impose avant tout les objets de luxe et les capitaux ; que les objets de consommation, ceux surtout de première nécessité comme le sel, le vin ordinaire,