Page:Gagneur - Jean Caboche à ses amis paysans.pdf/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 24 —

Vous êtes ici trois partisans de la royauté, et cependant vous ne pouvez vous entendre. M. Maujars veut le comte de Paris, M. le curé, Henri V, et Mathurin, son bien aimé Bonaparte, sous lequel il vendait si bien son foin, son orge, son blé et ses fromages. Vous voyez donc bien qu’un roi, loin d’être la concorde, serait la guerre civile en permanence, et non-seulement la guerre civile, mais la guerre extérieure. Car il faut qu’un roi occupe et satisfasse les ambitions de cette armée qui le soutient ; il faut entretenir chez elle la tradition de la gloriole militaire et agrandir le domaine de sa dynastie. Parfois même, pour moins que cela encore, pour soutenir un parent couronné, pour des questions d’amour-propre, d’intérêt personnel, on voit les rois déclarer la guerre, conduire, comme des troupeaux de moutons à l’abattoir, les pauvres soldats, nos enfants, qui ne sont à leurs yeux que de la chair à canon. C’est pour des motifs de ce genre, que, par trois fois, nos rois ont livré la France aux horreurs de l’invasion. Vous parlez des partageux, ce sont eux qui nous les amènent, car les vrais partageux, ce sont les Prussiens qui pillent et saccagent nos maisons. Ces monarques ambitieux et sans entrailles s’inquiètent-ils de la désolation qu’ils jettent dans nos familles ? Non, pour eux, les cris, les larmes des pauvres ne sont rien. Et vous voulez que le peuple ne se lasse