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tous les nobles, c’est de nous ramener Henri V, c’est-à-dire l’ancienne royauté, où nobles et curés avaient le haut du pavé et où le pauvre peuple ne comptait que pour payer l’impôt.

Il y a, en outre, à Neubourg, le parti de M. Maujars, autrement dit des ventrus. Il est bon de vous dire qu’à Neubourg, comme au temps de Louis-Philippe, on appelle communément des ventrus les gros bourgeois bien emmitouflés dans leur égoïsme, c’est-à-dire vivant comme les escargots dans leur coquille, passant leur vie, le dos au feu, le ventre à table, sans se soucier du pauvre monde. Ceux-là s’appellent entre eux les honnêtes gens. Ce qui ne veut pas dire toutefois que tous les bourgeois, même à Neubourg, soient des ventrus. On y trouve, comme partout, des bourgeois justes et raisonnables qui veulent le bien en conscience et compâtissent aux misères du peuple ; mais ceux-là, le peuple les connaît bien.

Cependant M. Maujars ne peut se résoudre à être tout bonnement bourgeois, propriétaire et ventru. Il veut être quelque chose. Donc, c’est le candidat sempiternel ; candidat au conseil municipal, au conseil général, à la députation. Qu’a-t-il fait pour gagner notre confiance ? Il a aimé, adoré, engraissé son ventre. Et quel ventre ! Il en ferait dix comme le mien ; il est vrai qu’il a bien mangé dix fois plus. Il a aussi arrondi sa bourse