le maire de Neubourg. Les malins l’appellent M. Moutonnet le bien nommé. Pourquoi ? Parce qu’il est, lui et son parti, comme les moutons qui marchant à la queue leu-leu, toujours prêts à sauter où le premier a sauté.
Voici le discours qu’il nous tint le lendemain du 4 septembre, quand il proclama la République à Neubourg :
« Citoyens, ce matin j’étais impérialiste. Ce soir, je suis, j’ose le dire, le meilleur républicain de Neubourg. »
Et tous les moutons moutonnant de Neubourg de crier comme M. Moutonnet : « Nous sommes républicains, vive la République ! »
Puis il y a à Neubourg les gens comme le père Mathurin, l’adjoint de M. Moutonnet. Ceux-là n’ont d’autre opinion, d’autre baromètre politique que leur boursicaut. Le boursicaut est-il vide ? À bas le gouvernement ! Est-il plein ? Vive le gouvernement !
Le père Mathurin est un richard et un fin matois. Il a en effet assez bien mené sa barque. Il est en paysan ce qu’est M. Maujars en bourgeois, c’est-à-dire un franc égoïste ; on le dit même avare et usurier un tantinet.
Aussi, quoiqu’il ait de l’influence à cause de son argent et de sa langue assez bien pendue, il n’est guère aimé ni estimé à Neubourg, et même on le tourne un peu