Page:Gagneur - Le Calvaire des femmes 1.djvu/50

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veillance. Enfin il me semble que parfois Maxime me parle avec une légèreté… »

À cette pensée, une rougeur brûlante lui monta au visage. Elle s’assit sur son lit.

« Malgré l’affection que me porte Mlle Borel, peut-il oublier que je suis la fille du père Bordier, de la pauvre Françoise, la sœur de Marie la veloutière ? Je suis folle de penser si souvent à lui. Mme Daubré l’aime, c’est certain. Comment serait-il insensible à cet amour qui flatte toutes ses vanités ! Elle est belle, spirituelle… Non, elle n’est pas belle, elle n’a pas d’esprit, et elle n’a pas de cœur ; ce n’est qu’une coquette… Mais c’est une grande dame, riche, élégante, et Maxime aime tant le luxe ! Ah ! mon Dieu ! comme je souffre ! »

Elle cacha sa tête dans ses mains et pleura.

Tout à coup elle se redressa.

« Est-ce que je suis jalouse, moi ? Et de qui ? De Maxime qui ne m’aime pas, qui ne peut m’aimer ? Allons, je suis vile. Non, je ne penserai plus à lui, je ne le veux pas. »

Elle se leva, alluma sa bougie et passa un peignoir. Elle se trouvait devant une psyché. Artiste, elle ne put s’empêcher d’admirer son image.

La passion éclatait dans ses yeux, animait ses joues. De son bonnet dénoué par l’agitation ruisselait une magnifique chevelure. Son petit pied cambré aux veines bleues, au talon rose, que la fièvre brûlait aussi, reposait nu sur le parquet sans en ressentir le froid.

Madeleine possédait une très-riche et très-complète organisation. Sans doute l’éducation est transmissible, puisqu’à la longue elle modifie et améliore les races. Pourtant on voit assez souvent parmi les demi-sauva-