Page:Gagneur - Le Calvaire des femmes 1.djvu/67

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— Je vous donnerais également le tableau », hasarda Madeleine.

Les deux époux parurent se consulter du regard.

« Voyons, mademoiselle, reprit la vieille un peu interdite par le ton et les manières de Madeleine, vous vous trouvez, à ce qu’il paraît, dans un mauvais moment ? Vous êtes donc seule, puisque vous venez vous-même vendre ces bijoux, ou bien y a-t-il là-dessous une petite affaire de cœur ? »

Madeleine répugnait à confier à cette femme sa situation. Cependant, craignant de perdre par trop de fierté une occasion peut-être unique, elle répondit :

« Il y a en effet une affaire de cœur. Ma mère et ma sœur sont malades loin d’ici, et je tiens à leur envoyer immédiatement un secours.

— Ah ! vous n’êtes pas de Paris ! Où demeurez-vous ? Car nous sommes obligés de prendre le nom et l’adresse des personnes qui nous offrent des objets de prix. C’est une mesure de police, vous comprenez. »

Madeleine donna son nom et son adresse.

« Ah ! vous n’êtes pas chez vous ? Vous êtes chez des amis.

— Chez des amis, répondit-elle froidement.

— Si je vous fais toutes ces questions, reprit Anastasie, c’est que vous êtes si jolie, et puis vous avez bon cœur. Voilà pourquoi nous voudrions faire quelque chose pour vous. Nous nous intéressons à nos pratiques. Ah ! bien sûr, on ne fait pas ses affaires de cette manière-là. Aussi, vous le voyez, nous sommes restés pauvres.

— Ce tableau n’est pas signé, dit le petit vieux qui examinait la toile.

— Il est d’un artiste inconnu.