Page:Gagneur - Le Calvaire des femmes 1.djvu/68

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— De vous, peut-être ? »

Madeleine ne répondit pas.

« Je suis un peu connaisseur. Dans notre métier, nous ne pouvons guère payer cela beaucoup plus cher que la valeur du châssis. Mais, voyons, si jamais vous avez quelques autres petites affaires à traiter, donnez-nous la préférence. Si nous perdons avec vous aujourd’hui, nous gagnerons une autre fois. »

Il compta cent francs à Madeleine et lui remit son adresse.

Madeleine lut :

M. Pinsard, rue Saint-Roch, marchand de bric-à-brac, et Mme Pinsard, marchande à la toilette.

Quand elle fut sortie :

« C’est de l’or en barre, cette fille-là, dit le vieillard à Anastasie.

— Oui, mais c’est bien élevé, c’est honnête. Sa mise décente prouve qu’elle a de l’ordre. La débine commence seulement. Les bijoux, c’est la première chose qu’on vend.

— Elle avait l’air bien triste, bien abattu.

— Quelque chagrin d’amour.

— Tu verras qu’elle nous reviendra.

— J’en doute ; car c’est fier.

— Euh ! euh, la misère. Et puis elle est peintre. On sait ce que vaut la vertu d’une artiste.

— C’est égal, je crois que tu as fait un mauvais marché.

— Non, te dis-je. Le travail seul du bracelet a coûté deux cents francs. Nous le revendrons au moins quatre-vingt. Quant à ce tableau, en le faisant vieillir, on pourrait le donner pour une ancienne copie du Corrége. »