Page:Gagneur - Le Calvaire des femmes 1.djvu/70

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comme subalterne chez cette femme qu’elle n’aimait pas, être témoin de son amour pour Maxime, lui semblait une souffrance au-dessus de ses forces. Mais le souvenir de ses deux chères malades lui revint, et elle s’indigna qu’il y eût place dans son cœur pour une autre douleur, pour une autre affection.

Elle s’engagea résolûment sous la porte cochère.

Au même instant, une jeune fille modestement vêtue et portant un paquet, ce qui révélait sa condition d’ouvrière, entrait dans la loge du concierge et demandait M. de Lomas.

Ainsi que Madeleine, elle semblait fort perplexe. Elle était pâle, chancelante et s’appuyait à la rampe de l’escalier.

Madeleine la vit serrer ses mains contre sa poitrine, comme pour y comprimer une angoisse, puis fermer ses beaux yeux d’un bleu sombre et les élever ensuite en un regard douloureux.

Évidemment cette jeune fille était aussi en proie à une torture morale, et Madeleine se disait :

« C’est encore une martyre. »

Elle se sentait émue de pitié et de sympathie.

Toutes deux, elles montaient côte à côte.

De temps à autre, la jeune ouvrière jetait dans l’escalier un regard à la fois honteux et effrayé.

Madeleine semblait plus calme. Cependant, à mesure qu’elle avançait, son cœur se serrait.

Comment Mme Daubré allait-elle l’accueillir ? Sa démarche ne lui paraîtrait-elle pas inconsidérée ?

Elle sonna.

Sa compagne monta un étage plus haut.

Madeleine entra et demanda Mme Daubré.