Page:Gagneur - Trois soeurs rivales.djvu/38

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mariage, c’est mon vœu le plus cher, et j’y consens mille fois car M. de Vaudrey est l’homme que je t’ai choisi, et…

— Ah ! mon père, interrompit Henriette en se cachant le visage dans les mains, assez, de grâce ! Il me sera d’autant plus pénible de vous détromper, que vous vous serez plus longtemps abusé.

— Ah ! ça, Henriette, reprit M. de Charassin avec stupéfaction et sévérité, de quel autre mariage veux-tu donc parler, et quel est l’épouseur ? Je n’en connais pas d’autre que M. de Vaudrey.

— Si, mon père, vous le connaissez, dit-elle, c’est Joseph Duthiou.

— Joseph Duthiou exclama le vieux noble en ouvrant des yeux hagards de surprise ; mais, se remettant promptement, il ajouta : Alors, explique-toi, mon enfant, et ne me laisse pas dans ces cruelles anxiétés. Tu veux sans doute marier Jeannette, ta femme de chambre, avec Joseph Duthiou, et tu viens demander mon consentement, peut-être une petite dot. J’y consens, ma fille, fais les choses au mieux et comme tu l’entendras.

— Non, mon père, répondit Henriette avec énergie, vous vous méprenez encore c’est moi qui veux épouser Joseph.

— Ah ! ah ! ah ! la bonne plaisanterie ! dit le baron en riant aux éclats. La farce est excellente ; voyons, mignonne, conte-moi cela, et je te promets d’en rire de bon cœur.

— Votre erreur et votre gaîté me font mal, reprit Henriette, il n’y a pas de jeu dans tout ceci ; ma résolution est inébranlable, et s’il faut vous mettre devant les yeux les preuves de la vérité, les voici.

Et elle déposa sur les genoux de son père quelques-unes des lettres de Joseph Duthiou.