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chansons populaires
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sur d’autres lois que sur celles qui régissent la tonalité qui nous est familière. Mais il ne tira pas cette conclusion tout d’abord. Assurément il fut frappé de l’étrangeté de la mélodie qu’il entendait, mais ce qui lui parut infiniment plus étrange encore, ce fut de se voir, lui, mis à quia par un pauvre cocher !

« Les airs populaires… dit M. Wekerlin, offrent quelquefois de véritables difficultés d’harmonisation, étant faits complètement en dehors des vues d’un accompagnement, et contraire souvent à nos lois harmoniques sur les modulations. Quelques-unes de nos chansons populaires datent d’une époque assez reculée, cela est incontestable ; plusieurs d’entre elles, celles où la note sensible n’existe pas, par exemple, remontent au moins à 1500, puisque ce n’est que tout au commencement de 1600 que Monteverde trouva l’accord de septième de dominanto. Or cet accord de septième détermina réellement le sentiment de la note sensible, c’est-à-dire le demi-ton qui précède la tonique. Même sans ce trait caractéristique, beaucoup de chansons populaires font constater l’ancienneté de leur origine, rien que par leur allure méthodique, leur similitude avec le chant grégorien. »

Je ne serais pas prêt, comme M. Wekerlin, à croire à l’ancienneté d’une mélodie pour cela seul qu’elle se rapproche de la tonalité grégorienne. Cette tonalité n’a jamais eu accès au théâtre, et l’harmonie dissonante l’a chassée complètement des salons, c’est vrai ; mais dans certaines campagnes, (je parle des campagnes du Canada,) dans celles où il n’y a ni orgue, ni harmonium dans les églises, et où l’on n’entend jamais d’autre instrument que le violon, elle règne encore en souveraine ; c’est dans cette langue musicale que les chanteurs populaires improvisent et composent. Il est possible que la mélodie de C’est dans la ville de Bytown, qui appartient au premier mode authentique