si tu te mets anguille. — un canadien errant.
Cette douce cantilène est connue de tout le monde, en Canada. Les couplets : Si tu te mets anguille, etc., ne sont que des fragments assez altérés de la chanson : J’ai fait une maîtresse, que l’on verra plus loin. Le dernier vers :
devrait être séparé des vers qui précèdent par plusieurs
couplets. C’est simplement parce que ces
couplets ont été oubliés que cette chanson, si poétique
d’ailleurs, se termine si sottement. Il ne fut jamais
venu à l’esprit de nos braves habitants, qui n’ont,
grâce à Dieu, jamais mis le pied au théâtre, et qui
n’ont jamais, non plus, nourri leur esprit des romans
de Messieurs et Madame Dumas, Sue, Sand, Kock et
compagnie, de fabriquer ce dénouement à la Favorite.
Mais cette ancienne poésie est presqu’entièrement oubliée aujourd’hui. Elle a cédé la place à quelques strophes composées, en 1842, par un étudiant du collège de Nicolet, qui devait, plus tard, devenir un de nos littérateurs les plus distingués. Le Canadien errant de M. A. Gérin-Lajoie, composé précisément au début des dures années d’exil des révoltés de 37 et 38, alors que tant d’honnêtes familles pleuraient l’absence de pauvres « canadiens, bannis de leurs foyers, »