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devînt, en quelques mois seulement, extrêmement populaire.

Les mélodies du peuple possèdent cette qualité si rare d’unir à beaucoup de simplicité une expression véritable. D’ordinaire un compositeur n’est simple qu’à la condition d’être vide et plat. Aussi est-il plus difficile qu’on ne le croit généralement de composer une mélodie d’une véritable beauté et qui puisse se vulgariser parmi le peuple. Chateaubriand avait si bien compris cela que, comme l’auteur du Canadien errant, il avait voulu choisir parmi des chansons populaires (celles de la Provence, si je ne me trompe,) les airs de ses chants du Dernier Abencérage.

Les couplets de M. Lajoie, grâce à leur mérite réel, mais grâce aussi à la vieille mélodie sur laquelle ils se chantent, sont connus aujourd’hui partout où il y a des canadiens-français. Que l’auteur pénètre dans la forêt, qu’il y rencontre quelques-uns de ces défricheurs dont il a si bien su peindre l’existence et les rudes mais nobles travaux ; qu’il parcoure les villes du Haut-Canada et même certaines villes américaines voisines de nos frontières, il les entendra chanter partout. Il n’est pas jusqu’aux échos des Montagnes-Rocheuses et des rives du lac Ouinipeg qui n’aient répété cette touchante poésie : Mgr . Faraud, vicaire-apostolique d’Attabaska et du territoire de la rivière McKenzie, m’a dit, en effet, avoir entendu chanter Un Canadien errant dans ces lointaines missions.