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du canada


à la claire fontaine

(Air recueilli par M. l’abbé Marquis)


Le lecteur a déjà pu observer que, dans des chants qui semblent d’abord appartenir au mode mineur, le chanteur populaire fait tout à coup apparaître une seconde majeure entre le septième et le huitième degré de la gamme, détruisant ainsi la note sensible, et plaçant la mélodie dans le premier ou le second mode de la tonalité ancienne. Or, ce qui arrive pour le mode mineur arrive aussi pour le mode majeur. Ainsi, dans la mélodie de la Claire Fontaine, que l’on va voir ci-après, et qui semble d’abord appartenir exclusivement au mode majeur, la note fa apparaissant naturelle, dans la dixième et dans la quatorzième mesure, la sensible disparaît par là même, et le huitième mode de la tonalité ancienne se trouve parfaitement accusé.

On dirait, quelquefois, que le peuple a horreur de la note sensible. Cela tient à des causes toutes naturelles que des musicistes distingués de ce siècle ont étudiées et expliquées d’une manière irréfutable. (Voir les Remarques générales, à la fin de ce volume.)

J’ai déjà dit que ces infractions aux règles de l’art moderne n’indiquent pas toujours l’ancienneté d’une mélodie. Souvent il arrive qu’une chanson de la ville, toute fraîche composée, vieillit tout à coup de plusieurs siècles, grâce aux altérations qu’elle subit en passant par des gosiers