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la guerre de sept ans

suivie, n’eussent été les curés, (parish priests) qui, dans un caractère de double paternité mi-spirituelle, mi-temporelle, devinrent plus que jamais les gardiens de l’ordre par tout le Canada. »

La dîme n’était payée qu’au vingt-sixième, et en grains seulement. Les curés, peu fortunés pour la plupart, trouvaient cependant le moyen de fonder des écoles. Ils s’ingéniaient à découvrir parmi les enfants des cultivateurs ceux qui manifestaient le plus de talent, et ils les envoyaient, souvent à leurs frais, dans les collèges ou petits séminaires après leur avoir donné eux-mêmes les premiers rudiments d’une instruction classique. Avec patience et persévérance, ils préparaient de nouveaux lévites pour les autels, de nouveaux défenseurs pour la patrie ; et lorsque, bien des années plus tard, le parlementarisme fut introduit dans le pays, la supériorité manifeste de plusieurs Canadiens-Français fut pour ces prêtres vénérables la plus belle récompense terrestre qu’ils eussent pu ambitionner.

Le temps des guerres contre les Iroquois et les Anglais était passé. L’habitant canadien ne quittait plus son foyer, et ses terres mieux cultivées donnaient d’abondantes moissons. Les granges étaient pleines de gerbes, les maisons pleines d’enfants. Cependant on restait groupé près du clocher paroissial, et la colonisation ne franchissait pas les bornes des anciennes seigneuries. Ce ne fut que lorsque l’on se sentit assez fort dans les anciens établissements que l’on songea à entreprendre l’œuvre des défrichements lointains et à s’enfoncer en grand nombre dans la forêt, pour en faire surgir de nouvelles paroisses formées à l’image des anciennes. En même temps nos nationaux reprenaient peu à peu leur prépondérance dans les villes, l’émigration anglaise se dirigeant surtout vers la province d’Ontario.