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domination anglaise

Car il n’a tenu qu’au bon ou au mauvais vouloir des Canadiens-Français de Québec que les événements prissent telle direction ou telle direction contraire[1].

Guy Carlelon demanda son rappel, et fut remplace, en 1778, par le général Frédéric Haldimand, vieux militaire d’origine suisse, sévère, ombrageux à l’extrême, qui voyait partout des émissaires de la France et des colonies révoltées de l’Amérique. Ses craintes, pour n’être pas sans quelque fondement, étaient absolument excessives. Il emplit les prisons de gens qu’il soupçonnait de conspiration, obligea le peuple à de fréquentes corvées, et agit en toutes choses comme si chaque citoyen eût été un soldat obligé de lui obéir. Il quitta Québec, au mois de novembre 1784, laissant provisoirement le gouvernement entre les mains du lieutenant-gouverneur Hamilton. L’année même de son départ, le 5 mai 1784, Haldimand fit commencer au fort Saint-Louis l’érection d’un nouveau corps de logis destiné aux bals, levers et réceptions officielles du Château. Une des courtines du fort construites en 1693 par Frontenac, servit de mur extérieur au rez-de-chaussée de cet édifice.

Le vieux général helvétien gourmandait les maçons employés aux travaux des fondements de la bâtisse, s’emparait lui-même de leurs instruments et les intimidait au point de les rendre réellement malhabiles.

Le bâtiment fut inauguré plus de deux ans après son départ, le 18 janvier 1787, jour de la fête de la reine

  1. Consulter à ce sujet la précieuse collection de documents recueillis et annotés par M. l’abbé H.-A. Verreau, et publiée sous le titre : Invasion du Canada, ainsi que la notice biographique de Mgr Briand, dans l’ouvrage intitulé : Les Évêques de Québec, par Mgr Henri Têtu. Lire aussi les notes de M. Faucher de Saint-Maurice sur le général Richard Montgomery (1893).