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le fort et le chateau saint-louis

résida dans le château Haldimand. Décidément, « ceci » commençait à éclipser « cela » ; mais « cela » devait bientôt prendre sa revanche, et se revêtir d’une nouvelle splendeur.

M. Philippe Aubert de Gaspé raconte, dans ses Mémoires, un incident du bal donné au nouveau château, le 22 août 1787, en l’honneur du duc de Clarence. « Le prince William-Henry, dit-il, fut reçu à Québec avec la pompe et l’étiquette dues au fils de notre souveraine… Il y eut, comme de droit, un grand bal au château Saint-Louis. On dînait alors à quatre heures ; le bal commença entre six et sept heures. Le jeune prince, après avoir dansé avec quelques-unes des dames les plus considérables, belles, laides ou indifférentes, s’émancipa un peu, et, s’affranchissant de l’étiquette qu’on voulait lui imposer, il choisit lui-même ses danseuses parmi les demoiselles les plus jolies de la réunion, au grand déplaisir de Lady Dorchester, qui s’écriait de temps à autre : « Ce jeune homme n’a aucun égard pour les convenances. »

« Le jeune marin, tout à son plaisir, n’avait fait aucune attention à un incident qui ne le frappa qu’entre onze heures et minuit. S’adressant alors à mon oncle Charles de Lanaudière, aide-de-camp de Lord Dorchester, il lui demanda si, dans la ville de Québec, les dames et les messieurs ne s’asseyaient que pour prendre leurs repas.

« — C’est, répliqua l’aide-de-camp, par respect pour Votre Altesse Royale que tout le monde reste debout en sa présence.

« — Alors, fit le Prince, dites-leur que mon Altesse Royale les dispense de cette étiquette.

« L’aide-de-camp, après avoir consulté Lord et Lady Dorchester, proclama que Son Altesse Royale le duc de