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XIII


Le régicide de 1793. — Immigration de prêtres français. — Incendie de l’église et du couvent des Récollets. — Encore Frontenac. — Les châtelaines du fort Saint-Louis sous le régime anglais. — Un mariage. — Un dîner au château. — Complainte. — La politique des réceptions.


Les lignes émouvantes que l’on va lire sont extraites des Mémoires de M. Philippe Aubert de Gaspé :


C’était en l’année 1793 ; je n’avais que sept ans, mais une circonstance que je vais rapporter me rappelle que nous étions en hiver, et la scène qui eut lieu m’est aussi présente à l’esprit que si elle s’était passée ce matin. Ma mère et ma tante, sa sœur Marie-Louise de Lanaudière, causaient assises près d’une table. Mon père venait de recevoir son journal, et elles l’interrogeaient des yeux avec anxiété, car il n’arrivait depuis longtemps que de bien tristes nouvelles de la France. Mon père bondit tout à coup sur sa chaise ; ses grands yeux noirs lancèrent des flammes ; une affreuse pâleur se répandit sur son visage, d’ordinaire si coloré ; il se prit la tête à deux mains, en s’écriant : « Ah ! les infâmes ! ils ont guillotiné leur Roi »

« Ma mère et sa sœur éclatèrent en sanglots ; et je