Page:Gagnon - Le fort et le château Saint-Louis (Québec), 1908.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
le fort et le chateau saint-louis

une tempête furieuse qui poussa les bardeaux de la couverture de l’écurie à une hauteur considérable, et les entraîna vers le fleuve et jusqu’à la Pointe-Levis. Je vis l’un des bardeaux se loger dans le clocher de l’église des Récollets et y mettre le feu. Un des Frères y monta dans l’intention d’éteindre le feu ; mais il fut obligé de retraiter ; en peu de temps, le corps de l’église fut enveloppé de flammes ainsi que le couvent adjoignant. Pourtant on eut le temps de sauver les ornements de l’autel, ainsi qu’une jolie petite frégate construite par l’un des Frères, et suspendue à la voûte de l’église, et de la transporter dans la cour du château Saint-Louis, et que je crois avoir été présentée ensuite aux Dames de l’Hôpital-Général. L’ardeur des flammes mit le feu à une petite maison habitée alors par une famille Laurencelle, et toutes celles adjoignantes jusqu’à l’encoignure des rues Saint-Louis et des Carrières, et celles vis-à-vis le jardin du gouvernement furent consumées ou autrement détruites.

« Au moment où le feu éclatait, il passait un petit tambourin retournant de pratiquer en dehors de la porte Saint-Louis. Un officier du 60e l’ayant aperçu, lui donna ordre de battre l’alarme, auquel le petit garçon répondit : « Sir, I don’t know how to beat the Fire-Drum. » Bientôt après le bruit du tambour se fit entendre par toute la ville. Étant bien inquiet de voir la petite frégate, je partis à la course pour mieux échapper aux effets de l’église brûlante. Le coq du clocher de l’église tomba tout auprès de moi : il était de la grosseur d’un mouton ordinaire. La secousse me terrassa pour le moment, mais je repris courage et je pus continuer ma route jusqu’à la cour du Château, où il s’était assemblé une foule dans le même objet. Plus tard, dans l’après-midi, je pus me faufiler à travers la