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le fort et le chateau saint-louis

Les châtelaines du fort Saint-Louis sous le régime anglais furent lady Dorchester, lady Prescott, lady Milnes, lady Craig, lady Prevost (dont le portrait est conservé chez les Ursulines de Québec), les filles du duc de Richmond, la comtesse de Dalhousie et lady Aylmer.

Le château Saint-Louis avait un air de fête inaccoutumé au matin du 30 août 1797 : la sympathique fille du gouverneur-général du haut et du bas Canada, Mademoiselle Rebecca Prescott, épousait ce jour-là le capitaine John Baldwin, aide-de-camp de son père, et accueillait, le sourire aux lèvres, les souhaits de bonheur de ses parents et de l’élite de la société de Québec. Hélas ! la joie qui brillait au front des jeunes fiancés devait bientôt s’évanouir : « par un de ces malheurs que la sagesse de Dieu prépare aux plus élevés comme aux derniers des hommes, » la jeune femme si distinguée » par son esprit supérieur, ses talents de premier ordre et les charmes de son caractère, » mourut à Québec, le 27 juin 1798, « et d’abondantes larmes coulèrent de bien des yeux à cette triste nouvelle. Le gouverneur surtout demeura inconsolable… »

Parmi les événements dont le château Saint-Louis fut le témoin, nous avons enregistré une naissance, — celle de Marie-Anne de Brisay de Denonville, arrivée le 14 septembre 1685, — et un mariage, — celui de Monsieur et Madame Baldwin, célébré le 30 août 1797[1] : combien plus souvent n’avons-nous pas eu à réveiller de funèbres souvenirs !

Qu’est-ce que l’étude de l’histoire sinon un dialogue avec les morts ?

  1. Ce mariage, contracté devant le docteur Salter-Jehosaphet Mountain, dut avoir lieu dans la chapelle du Château. L’église des Récollets, qui avait servi au culte protestant pendant les années précédentes, venait d’être réduite en cendres, et ce ne fut qu’en 1804 que l’on commença l’érection de l’église anglicane actuelle.