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domination anglaise

réunie, le vendredi, 12 juin 1846, pour voir défiler sur la toile les vues réputées merveilleuses du diorama Harrison.

Au dehors, il faisait une soirée délicieuse. Le canon de la citadelle venait de jeter sa clameur aux échos des rivages voisins, et il ne restait plus que quelques rares promeneurs sur la petite terrasse à laquelle Lord Durham avait donné son nom.

Tout à coup, mille cris d’angoisse se font entendre. Le feu était au théâtre, et les spectateurs, massés dans l’escalier et le couloir qui conduisaient au dehors, se pressaient, affolés, vers la porte de sortie, ouvrant, hélas ! à l’intérieur[1]. Les malheureux qui purent les premiers atteindre cette porte furent impuissants à refouler le flot qui les pressait et les empêchait de l’ouvrir : ils périrent suffoqués ou écrasés.

La fumée sortait déjà des couvertures du bâtiment ; bientôt des jets de flamme s’élancèrent au dehors, et les lamentations des victimes s’élevèrent plus navrantes et plus désolées.

Nous cédons maintenant la parole à un jeune écrivain de l’époque, M. Joseph Cauchon, qui devint plus tard un homme considérable et fut le troisième gouverneur de la province de Manitoba. Le lendemain de l’incendie du théâtre, il publiait l’article suivant dans le Journal de Québec :

  1. Il y avait une autre porte de sortie, mais d’un accès difficile ; quelques personnes périrent en cherchant une issue de ce côté.