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domination anglaise

surpassa, et le bon M. de Fenouillet, dont la mort, loin de sa belle Provence, inspira plus tard de si beaux vers à Octave Crémazie, mort, lui aussi, sur la terre d’exil, — M. de Fenouillet, disons-nous, lut des pages remarquables où se révélait sa double qualité de penseur et d’écrivain.

M. Chauveau était alors à l’apogée de son talent d’orateur. Les lauriers qu’il avait cueillis à Sainte-Foy deux ans auparavant ceignaient encore son front. Le discours qu’il prononça en cette circonstance fut vraiment superbe. Il contenait surtout une période sur l’enseignement de l’histoire du Canada qui fut particulièrement applaudie. Faisant allusion à cet enseignement et au site historique occupé par l’école normale, l’orateur s’écria :

« Et l’histoire ! l’histoire est partout : autour de vous, au-dessus de vous ; du fond de cette vallée, du haut de ces montagnes, elle surgit, elle s’élance et vous crie : me voici !

« Là-bas, dans les méandres capricieux de la rivière Saint-Charles, le Cabir-coubat de Jacques Cartier, est l’endroit même où il vint planter la croix et conférer avec le seigneur Donnacona. Ici, tout près d’ici, sous un orme séculaire que nous avons eu la douleur de voir abattre, la tradition veut que Champlain soit venu planter sa tente. C’est de l’endroit même où nous sommes que M. de Frontenac donna à l’amiral Phipps, par la bouche de ses canons, cette fière réponse que l’histoire n’oubliera jamais. Sous nos remparts s’étendent les plaines où tombèrent Wolfe et Montcalm, où le chevalier de Lévis remporta, l’année suivante, l’immortelle victoire que les citoyens ont voulu rappeler par un monument. Devant nous, sur la côte de Beauport, les souvenirs de batailles non moins héroïques nous rappellent les noms de Longueuil, de Sainte-Hélène, de Juchereau Duchesnay. Là-bas, au pied de