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domination anglaise

temps. On s’imagine qu’en parlant vieilleries on devient immortel ; et comme on sacrifie à l’amour de la gloriole tout autant qu’à l’amour de la gloire, on a vu des adolescents, désolés de leur jeunesse, rêver sur les vieux murs et professer un respect de convention pour tout ce qui est craqué et lézardé.

« Ne confondez pas, messieurs.

« Les reliques historiques doivent nécessairement se rattacher à quelque fait important ; les reliques artistiques doivent avoir quelque mérite au point de vue de la forme. Or, nous sommes ici en présence d’un vieux bâtiment très laid, qui a peut-être été construit du temps des Français pour y mettre des barils de poudre. Plus tard, on y a mis de la farine, de la viande, des vieux tuyaux et des chaises cassées. Aucun personnage historique n’y a versé son sang ; seulement c’est vieux.

« Eh le rocher voisin est vieux, lui aussi, cela doit suffire.

« Les murs de Lutèce, au temps de Clovis, enserraient la « cité » dans un espace restreint. On les a démolis, et on a bien fait.

« Plus tard, les bull works (boulevards) ou fortifications de Paris nuisirent à la circulation. On les abattit également, sans en rien conserver ; mais on se gardera bien de démolir la porte Saint-Denis, la porte Saint-Martin et la tour Saint-Jacques, qui sont très belles : ce sont des reliques artistiques.

« À Québec, ou semble ignorer que les murs de la ville sont relativement modernes, et que, depuis l’incendie du château Saint-Louis, en 1834, les seuls antiques souvenirs