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domination française

nigne, âgée de 14 ans, et Catherine-Louise-Marie, qui avait à peine deux ans. »

« Tous quatre embarqués à La Rochelle le 7 juin, arrivèrent à Québec le premier d’août sans avoir été incommodés par le mal de mer ni d’autres maux. » C’est ainsi, du moins, que s’exprime une généalogie manuscrite faisant partie des archives du château de Denonville, mais M. le marquis, dans une lettre au Roi, dit que l’état où était la marquise avait rendu à celle-ci la traversée très pénible.

« Madame de Denonville n’était au Canada que depuis six semaines seulement quand elle mit au monde une fille qui fut baptisée aussitôt et nommée Anne-Marie. Le parrain et la marraine furent de pauvres gens. » (Archives du château.)

« Quand le duc de Saint-Simon, dans ses Mémoires, nous dit que M. de Denonville « ne fut heureux ni en femme ni en enfants, »[1] on comprend assez ce qu’il veut

  1. Ce mot est relevé assez vivement par l’annaliste des Ursulines de Québec, dans les lignes suivantes :

    « Le Marquis de Denonville, si peu heureux dans ses entreprises contre les Iroquois, fut rappelé à la cour de France, où le Roi, qui l’honorait de son estime, le fit sous-précepteur des enfants de France, fils du grand Dauphin : le duc de Bourgogne, le duc d’Anjou et le duc de Berry. (Ces jeunes princes eurent aussi pour précepteur le duc de Beauvilliers et Fénelon, plus tard archevêque de Cambrai.) »

    « Il paraît bien qu’il (le marquis de Denonville) sut conserver, dans cette haute position, la rare piété qui faisait pour ainsi dire le fond de son caractère, puisque le duc de Saint-Simon, le censeur le plus rigide de la cour, accorde au Marquis de Denonville le tribut suivant : « Denonville mourut aussi (en 1710), brave et vertueux gentilhomme qui avait été gouverneur-général du Canada où il avait très bien servi. » Mais il est plaisant de voir comme ce janséniste poudré et parfumé termine l’éloge de notre ancien bienfaiteur. « À la cour, dit Saint-Simon, rien de si plat. Il ne fut heureux ni en femme ni en enfants. » Aux yeux malins du duc, le bon marquis était « plat » sans doute parce qu’il tenait à la foi orthodoxe ; et la marquise ainsi que sa fille, pour la même raison, ne méritaient pas de compliments plus flatteurs : cela explique tout. »