V
a population de Québec et de la Nouvelle-France fut
vivement alarmée, dans l’automne de 1690, en apprenant
qu’une flotte de trente-quatre vaisseaux, partie des
ports de la Nouvelle-Angleterre et commandée par l’amiral
William Phipps, remontait le Saint-Laurent.
« On attendait des navires de France, dit Charlevoix, et il était à craindre que, ne se défiant de rien, ils ne vinssent se livrer entre les mains des Anglais. M. de Frontenac, qui pensait à tout, et avait conservé dans l’embarras d’une surprise, une présence d’esprit merveilleuse, dépêcha deux canots bien équipés par le petit canal de l’Île d’Orléans, avec ordre à ceux qu’il y fit embarquer, d’aller aussi loin qu’ils pourraient au-devant de ces navires, et de les avertir de ce qui se passait. Il fit aussi commencer en même temps une batterie de huit pièces de canon sur la